Préambule 2/2 : incubateur ?

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18 mai 2018

Pascal Latouche

18 mai 2018

Pascal Latouche

La fin des années 90 a marqué l’émergence de structures dites “Incubateurs de startups” que ce soit aux États-Unis, en France, et dans bien d’autres pays. Parmi les incubateurs les plus connus au monde, citons Idealab de Bill Gross. On a pu même constater l’émergence de structures dites “Accélérateurs de startups” plus récemment (par rapport aux incubateurs). Beaucoup d’observateurs considèrent que le Y Combinator de Paul Graham, créé en 2005, a été la première structure du genre, rapidement suivie par TechStars en 2006, et SeedCamp en 2007.

Dans le poncif collectif, incubateurs et accélérateurs sont des structures dont la vocation est d’accompagner la startup sur des dimensions, technologiques, marketing, GRH, logistiques, ou encore financières. On entend aussi qu’ils se distinguent par la nature de leur cible (startups plus ou moins mûres, ou thématiques), par la temporalité de l’accompagnement auprès des startups (plus ou moins longue), ou encore les pratiques et services d’accompagnement, voir les business modèles. De plus, certains font remarquer que ces structures varient selon les zones géographiques, leurs objectifs et leurs porteurs.Mais ce concept d’incubation de startups (au sens large) et ses déclinaisons sont-ils aussi clairs qu’on nous le laisse entendre ? De toute évidence, non ! Il suffit pour s’en convaincre d’échanger quelque peu avec les startups “clientes” de ces structures d’incubation…

C’est pourquoi j’aborde ce thème avec une approche particulière visant à intégrer à la fois ce qu’en disent les praticiens, les média, mais aussi les académiques. En effet, on constate souvent que dans le milieu des praticiens, la perception académique et scientifique est rarement évoquée. Si le monde de l’entreprise est une affaire sérieuse, il n’en reste pas moins qu’il oscille souvent entre rigueur et approximation dans les raisonnements des acteurs et les actions qui en découlent. Un apport du milieu académique peut s’avérer utile à une meilleure compréhension du phénomène de l’incubation et ses diverses déclinaisons.

On peut considérer que l’intérêt pour l’incubation fut dopé par la loi sur l’innovation de 1999 aussi bien côté praticien, que côté académique. Sur le plan opérationnel, en France, le phénomène des structures d’accompagnement de startups s’est alors considérablement renforcé, porté par les institutions publiques nationales ou régionales, des universités, des indépendants. Il continue à s’amplifier. Sur le plan académique, force est de constater que si jusqu’aux années 2000 il a été peu investigué, de nombreux chercheurs se sont penchés depuis sur le phénomène en tentant de le conceptualiser. Dans les années 80, l’approche des recherches se voulait plutôt descriptive, puis dans les années 90, plutôt évaluatrice.Si on peut aujourd’hui considérer qu’il existe une “compréhension commune” sur l’incubation, toutefois il n’existe pas de définition universelle de l’incubation. Ceci est d’autant plus marqué que les facteurs sociaux propres aux nations comme aux ressources disponibles peuvent rentrer en ligne de compte. Afin de donner une première clarification de ce que l’on pourrait entendre par le terme incubateur, nous nous basons sur l’approche de la Commission Européenne : ” A business incubator is an organisation that accelerates and systematises the process of creating successful enterprises by providing them with a comprehensive and integrated range of support, including: Incubator space, business support services, and clustering and networking opportunities. By providing their clients with services on a ‘one-stop-shop’ basis and enabling overheads to be reduced by sharing costs, business incubators significantly improve the survival and growth prospects of new start-ups. A successful business incubator will generate a steady flow of new businesses with above average job and wealth creation potential. Differences in stakeholder objectives for incubators, admission and exit criteria, the knowledge intensity of projects, and the precise configuration of facilities and services, will distinguish one type of business incubator from another “ (European Commission, 2002, Benchmarking of business incubators, Centre for Strategy and Evaluation Services, p.9).

Cette longue définition n’est pas une fin en soi et peut être largement discutée. Il semble en tout cas important de comprendre les différentes acceptions possibles autour de ce concept très concret d’incubation, d’autant plus que de nouveaux acteurs affirment jours après jours leur présence sur ce type d’activité. Les grands groupes par exemple se dotent progressivement de telles structures d’accompagnement de startups. On les nomme incubateurs ou accélérateurs corporate. La relation grands groupes / startups, si elle peut passer par bien des voies, semble de plus en plus se cristalliser autour de ce type de structures corporate, fortement médiatisé. Ces structures semblent s’inscrire dans la politique entrepreneuriale des grands groupes et devoir de plus en plus constituer un enjeu (stratégique ?, tactique ?, médiatique ?…)

Les trois prochains billets seront totalement dédiés aux différentes définitions de l’incubation et ses déclinaisons, notamment au sein des grands groupes. Je m’appuierais pour cela aussi bien sur la perception des praticiens que celles des académiques. Le chercheur se distingue notamment des praticiens car il veut légitimer la façon dont il organise la recherche sur le phénomène étudié. Il commence par se questionner sur les conditions de validité des savoirs théoriques sur lesquels il compte s’appuyer et les savoirs théoriques qu’il compte produire. Le praticien quant à lui écrit sur l’organisation en fonction de son expérience. Il jouit d’une situation exceptionnelle d’observateur et d’acteur.

Ces démarches me semblent suffisamment complémentaires pour mobiliser d’une part ce qui est écrit dans les média ou dit par les praticiens, et d’autre part ce qu’en disent nos académiques. Dans d’autres pays, l’alliance praticiens / académiques est faite, sans doute gagnerions nous à la faire aussi en France pour mieux appréhender le présent et construire l’avenir…

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